Religion. Depuis
leur combat contre le mariage homosexuel, les catholiques, moqués et
caricaturés depuis des décennies, affichent leur foi sans complexes en imposant
dans le débat politique et médiatique leur vision de la famille et de la
société. Rencontre avec ces croisés du renouveau catho.
Ils vont à la messe le dimanche, possèdent les codes de la bourgeoisie bien élevée, inscrivent leurs enfants chez les scouts... Même eux s’exaspèrent des clichés qu’ils renvoient souvent à leur insu, celles des cathos coincés, prudes, ces pères la morale et ces grenouilles de bénitier, objets de moqueries et de caricatures d’une époque où le religieux n’est plus sacralisé par la majorité de l’opinion.
Pourtant, après une période de repli sur soi, les cathos retrouvent une visibilité, affichent leur foi, prennent position sur les débats de la société plus souvent quand elles blessent leur vision de la famille, de la vie, de la mort, du sexe et de l’éducation. Au Havre, terre du catholicisme social, ces nouveaux croisés n’hésitent plus à parler haut et fort, s’organisent en réseaux d’influence sans demander l’avis de l’évêque, s’affichent à contre-courant d’une société qu’il juge trop permissive, qui ne respecte pas la vie autrement que par son confort personnel... « La loi Taubira sur le mariage homosexuel a indéniablement, été un déclencheur pour de nombreux catholiques qui ont eu l’impression d’être méprisés et maltraités par les politiques » assure Xavier Lagarde, correspondant de la Manif pour Tous au Havre. « Car si on peut admettre que l’opinion des catholiques est minoritaire, on ne peut la nier, ni considérer qu’elle est illégitime. Nous avons le droit de faire connaître notre opinion sur notre vision de la société, même si elle dérange. » Si la Manif pour tous a été le mouvement où les catholiques ont été les plus visibles ces dernières années, d’autres organisations comme Alliance Vita ou les Associations Familiales Catholiques (AFC) ont choisi cette voie du combat politique, éloigné des traditionnels mouvements caritatifs et humanitaires comme le Secours catholique.
À Alliance Vita, on combat les lois sur la fin de vie, on milite contre l’avortement ; l’AFC s’est distingué sur son action face aux théories du genre à l’école, a porté plainte contre un site internet vantant l’infidélité conjugale... Alliance Vita forme ses militants dans ses combats dont celui sur l’avortement, sans doute le plus sensible, et qui renvoie une image intransigeante qui ne gène pas son responsable havrais Michel Charrière. « Pour ma part, le terme de réactionnaire me convient assez et explique mon engagement militant. Selon moi, la société actuelle part à la dérive et heurte ma foi chrétienne. Les dernières lois sur la fin de vie ou sur l’avortement confirment cette permissivité généralisée qui ne respecte pas la vie humaine. Pour moi qui crois dans les racines chrétiennes de la France que certains hommes politiques comme Vincent Peillon veulent nier, ces lois vont toujours plus loin, trop loin dans le but de banaliser l’avortement, l’euthanasie ou l’adoption par des couples homosexuels. » Xavier Chevreau, président des AFC Le Havre-Fécamp, voit son engagement comme une évidence. « Quand on est chrétien on s’engage » lance-t-il spontanément. « Et face à la fragilisation de la famille, on ne peut pas rester les bras ballants. »
Pour lui, plus que la loi Taubira, c’est le message de Jean-Paul II qui a décomplexé les chrétiens. « Même si c’est pénible d’être caricaturé, ringardisé, notre génération de cathos a pris de l’assurance, ose afficher ses convictions et ne veut plus être disqualifiée au nom de sa foi religieuse. » Au risque d’être tenté par la radicalisation ? « Dans tous les cas, l’objectif est de rester bienveillant » assure Xavier Chevreau. « Même si cette ligne de crête est, c’est vrai, difficile à tenir... » Aujourd’hui, ces militants cathos n’hésitent plus à parler de lobbying, voire d’entrisme comme le fait Yann Le Mat, militant de la Manif pour Tous, devenu adhérent de l’UMP dans le courant chrétien Sens Commun. « Pour que nos convictions soient prises en compte, il faut faire de la politique pour peser sur le débat. Et ça marche » affirme-t-il en faisant référence à Nicolas Sarkozy qui a annoncé sa volonté d’abroger la loi Taubira sous la pression publique de Sens Commun. Cette marche en avant de ces cathos décomplexés, semble prendre de court le clergé.
« Ces associations sont autonomes et ne sont pas aux ordres de l’Église » précise Monseigneur Jean-Luc Brunin, évêque du Havre. « Mais, sur le fond, j’encourage leur envie de peser sur les débats de société qui est légitime et nécessaire. Les chrétiens ne font pas la loi, mais ils ont le devoir d’alerter quand celle-ci va trop loin, quand ils sentent que la vie, à sa conception ou à sa conclusion, est en danger. » L’évêque admet y voir une forme de radicalisation assumée. « Afficher son idéal chrétien, c’est aujourd’hui être à contre-courant. Et cette radicalité catholique est à la hauteur des enjeux. » Philippe LENOIR
Ils vont à la messe le dimanche, possèdent les codes de la bourgeoisie bien élevée, inscrivent leurs enfants chez les scouts... Même eux s’exaspèrent des clichés qu’ils renvoient souvent à leur insu, celles des cathos coincés, prudes, ces pères la morale et ces grenouilles de bénitier, objets de moqueries et de caricatures d’une époque où le religieux n’est plus sacralisé par la majorité de l’opinion.
Pourtant, après une période de repli sur soi, les cathos retrouvent une visibilité, affichent leur foi, prennent position sur les débats de la société plus souvent quand elles blessent leur vision de la famille, de la vie, de la mort, du sexe et de l’éducation. Au Havre, terre du catholicisme social, ces nouveaux croisés n’hésitent plus à parler haut et fort, s’organisent en réseaux d’influence sans demander l’avis de l’évêque, s’affichent à contre-courant d’une société qu’il juge trop permissive, qui ne respecte pas la vie autrement que par son confort personnel... « La loi Taubira sur le mariage homosexuel a indéniablement, été un déclencheur pour de nombreux catholiques qui ont eu l’impression d’être méprisés et maltraités par les politiques » assure Xavier Lagarde, correspondant de la Manif pour Tous au Havre. « Car si on peut admettre que l’opinion des catholiques est minoritaire, on ne peut la nier, ni considérer qu’elle est illégitime. Nous avons le droit de faire connaître notre opinion sur notre vision de la société, même si elle dérange. » Si la Manif pour tous a été le mouvement où les catholiques ont été les plus visibles ces dernières années, d’autres organisations comme Alliance Vita ou les Associations Familiales Catholiques (AFC) ont choisi cette voie du combat politique, éloigné des traditionnels mouvements caritatifs et humanitaires comme le Secours catholique.
À Alliance Vita, on combat les lois sur la fin de vie, on milite contre l’avortement ; l’AFC s’est distingué sur son action face aux théories du genre à l’école, a porté plainte contre un site internet vantant l’infidélité conjugale... Alliance Vita forme ses militants dans ses combats dont celui sur l’avortement, sans doute le plus sensible, et qui renvoie une image intransigeante qui ne gène pas son responsable havrais Michel Charrière. « Pour ma part, le terme de réactionnaire me convient assez et explique mon engagement militant. Selon moi, la société actuelle part à la dérive et heurte ma foi chrétienne. Les dernières lois sur la fin de vie ou sur l’avortement confirment cette permissivité généralisée qui ne respecte pas la vie humaine. Pour moi qui crois dans les racines chrétiennes de la France que certains hommes politiques comme Vincent Peillon veulent nier, ces lois vont toujours plus loin, trop loin dans le but de banaliser l’avortement, l’euthanasie ou l’adoption par des couples homosexuels. » Xavier Chevreau, président des AFC Le Havre-Fécamp, voit son engagement comme une évidence. « Quand on est chrétien on s’engage » lance-t-il spontanément. « Et face à la fragilisation de la famille, on ne peut pas rester les bras ballants. »
Pour lui, plus que la loi Taubira, c’est le message de Jean-Paul II qui a décomplexé les chrétiens. « Même si c’est pénible d’être caricaturé, ringardisé, notre génération de cathos a pris de l’assurance, ose afficher ses convictions et ne veut plus être disqualifiée au nom de sa foi religieuse. » Au risque d’être tenté par la radicalisation ? « Dans tous les cas, l’objectif est de rester bienveillant » assure Xavier Chevreau. « Même si cette ligne de crête est, c’est vrai, difficile à tenir... » Aujourd’hui, ces militants cathos n’hésitent plus à parler de lobbying, voire d’entrisme comme le fait Yann Le Mat, militant de la Manif pour Tous, devenu adhérent de l’UMP dans le courant chrétien Sens Commun. « Pour que nos convictions soient prises en compte, il faut faire de la politique pour peser sur le débat. Et ça marche » affirme-t-il en faisant référence à Nicolas Sarkozy qui a annoncé sa volonté d’abroger la loi Taubira sous la pression publique de Sens Commun. Cette marche en avant de ces cathos décomplexés, semble prendre de court le clergé.
« Ces associations sont autonomes et ne sont pas aux ordres de l’Église » précise Monseigneur Jean-Luc Brunin, évêque du Havre. « Mais, sur le fond, j’encourage leur envie de peser sur les débats de société qui est légitime et nécessaire. Les chrétiens ne font pas la loi, mais ils ont le devoir d’alerter quand celle-ci va trop loin, quand ils sentent que la vie, à sa conception ou à sa conclusion, est en danger. » L’évêque admet y voir une forme de radicalisation assumée. « Afficher son idéal chrétien, c’est aujourd’hui être à contre-courant. Et cette radicalité catholique est à la hauteur des enjeux. » Philippe LENOIR
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