Normalement, la sainteté
consiste à vivre en présence de Dieu, à obéir à ses commandements, à s'efforcer
d'être parfait comme notre Père céleste est parfait. Cependant, avec Saint
Dimas, le Bon Larron, la miséricorde de l’Homme Dieu a touché son cœur au
dernier moment et son repentir a été parfait, ouvrant ainsi pour lui les portes
du Ciel, avant même les Apôtres. Jésus a voulu nous laisser cet exemple pour
que nous ne désespérions jamais de notre salut. C'est ce qu'explique saint Jean
Chrysostome dans son septième Sermon sur la Genèse :
« Le diable a chassé Adam du paradis, le
Christ y a introduit le voleur. Examinez la différence. Le premier a chassé
l'homme qui ne portait pas un péché mais une seule souillure de désobéissance,
le Christ a introduit, comme cela, dans le paradis, un voleur qui traînait de
lourdes fautes. La chose étonnante, est-ce donc seulement le fait qu'il ait
introduit un voleur dans le paradis, et rien d'autre ?
« Il faut ajouter quelque chose
d'encore plus grand. En effet, il n'a pas seulement introduit un voleur mais
encore il l'a fait devant toute la terre et devant les apôtres, afin que
personne, par la suite, ne désespère de sa possibilité d'entrer au paradis et
ne perde l'espérance de son salut, en voyant séjourner dans les demeures
royales un homme chargé de maux innombrables.
« Le voleur a-t-il mis en
avant ses efforts et ses bonnes actions et leurs fruits ? Non, mais, par une
simple parole, par la foi seule, il a fait, devant les apôtres, irruption dans
le paradis – et cela afin que tu apprennes que ce n'est pas tant la noblesse de
ses sentiments qui a prévalu que la bienveillance du Seigneur qui a tout fait.
« En effet, qu'a dit le
voleur ? qu'a-t-il fait ? a-t-il jeûné ? pleuré ? déchiré ses vêtements ?
a-t-il mis en avant une longue pénitence ? nullement ; mais c'est sur la croix
elle-même qu'il a obtenu le salut, avec sa déclaration. Voyez la rapidité : de
la croix au ciel, de la condamnation au salut.
« Quelles sont donc ces paroles
? quel pouvoir ont-elles qu'elles lui aient apporté de tels biens ? «
Souviens-toi de moi, dit-il, dans ton royaume » (Lc 23,42). Qu'est-ce que cela
signifie ? il demanda à recevoir des biens, il ne mit absolument pas en avant
ses propres actes, mais, connaissant son cœur, il ne se préoccupa pas de ses
actions, mais de ses dispositions intérieures.
« En effet, ceux qui avaient
profité de l'enseignement des prophètes, vu les signes et contemplé les
miracles, disaient du Christ : « Il est possédé d'un démon », et : « Il égare
la foule » (Mt 11,18). Mais le voleur, qui n'avait pas écouté les prophètes ni
vu les miracles, en le voyant cloué sur la croix, ne se préoccupa pas du
mépris, et ne regarda pas le déshonneur mais regardant vers la nature divine
elle-même, il dit : « Souviens-toi de moi dans ton royaume » (Lc 23,42). C'est
ceci qui est inattendu et extraordinaire. Tu vois une croix : te souviens-tu du
royaume ? Qu'as-tu vu qui ait la valeur du royaume ? un homme mis en croix,
giflé, tourné en dérision, décrié, couvert de crachats, fouetté ; tout cela
a-t-il la valeur du royaume, dis-moi ?
« Comprenez-vous qu'il
regardait par les yeux de la foi et qu'il ne s'attachait pas aux apparences ?
C'est pourquoi Dieu non plus ne s'attacha pas à ses actions seules mais, comme
cet homme avait regardé à la nature divine, de même Dieu regarda au cœur du voleur
et dit : « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23,43) ».